Lu pour vous

Ferrer pas mort

Cent ans plus tard, quel héritage nous en reste-t-il? S’il paraît difficile d’affirmer que la mort d’un homme puisse s’avérer utile aux autres, c’est au-delà de sa disparition sacrificelle qu’il faut sans doute regarder; vers le symbole d’un militant mort pour ses idées. Le pouvoir espagnol de l’époque a clairement voulu éliminer un géneur, un révolutionnaire de la pensée qui, par l’émancipation individuelle que promettait son projet éducatif, mettait en péril le confort dominateur de l’ordre établi. Ferrer n’a pas aimé l’idolâtrie et détestait l’idée qu’il put devenir lui-même un symbole. Son cri libérateur au moment de voir la mort en face le dit assez clairement: les hommes passent, les idées demeurent. Au-delà de la controverse sur le personnage, sa vie, ses méthodes, il importe, en cette date anniversaire, de rappeler le fruit de son combat pour la liverté de pensée et l’enseignement libérateur pour tous. Ses contemporains, émules ou successeurs, tels Jules Ferry, Ovide Decroly, ont gardé vif et matérialisé le rêve inachevé de Ferrer. Un rêve qui n’a rien d’utopique et auquel le Centre d’Action Laïque rend ici l’hommage qui lui est dû. L’émancipation reste un idéal à atteindre et les pédagogies nouvelles inspirées par Ferrer ont démontré leur pertinence et leur efficacité. Toutefois elles sont marginales dans notre système éducarif; nous invitonsle lecteur à redecouvrir, au fil de ces pages, l’histoire d’un home, de son combat et de la trace quil a laissée afin qu’à notre tour, nous y inscrivions nos pas.

Préface d’Eliane Deproost