Lu pour vous

Publication : « Enseigner la philosophie et la citoyenneté, à partir d’ateliers créatifs » par Catherine Buhbinder

 

« En créant un cours de philosophie et de citoyenneté sur les cendres des anciens cours dits philosophiques, c’est-à-dire de religions et de morale, la Fédération Wallonie Bruxelles s’est emballée dans une expérience audacieuse. Il s’agit, alors, d’en penser l’originalité eu égard au terreau si complexe qui est le sien. Ce livre réinterroge chacun des concepts et traditions nécessaires pour articuler et définir l’ambition de ce nouveau cours : les religions avec leurs différentes traditions et leur ténacité, la morale dite « laïque » et ses engagements, la philosophie et ses exigences, la citoyenneté et ses consensus, la neutralité et ses paradoxes, l’école avec toutes ses contradictions, et enfin la pédagogie et l’art.

Avec ce nouveau cours, la FWB ose, en réalité, une alternative au pluralisme et à la laïcité en Belgique. La philosophie et la citoyenneté ne s’avèrent finalement ni deux matières différentes pour un seul cours, ni non plus, une matière, l’un, et une méthode l’autre. En alliant philosophie et citoyenneté au sein d’un nouveau cours, on limite la tentation purement spéculative que pourrait avoir la philosophie, en la centrant sur le vivre ensemble induit par la dimension citoyenne. Inversement, on définit la démarche citoyenne comme étant d’abord une démarche d’intelligence et de pensée. Penser les autres et le monde, c’est étayer la démarche philosophique par la politique, l’anthropologie, l’éthique ou l’épistémologie. Et, dans chacun de ces domaines d’investigation, c’est d’office prendre parti pour la distanciation critique, qui est, finalement, la base d’une démarche morale. C’est ainsi que sans risquer d’être « partisan », ce nouveau cours peut-il réellement envisager un enseignement moral dans le cadre scolaire. Si tant est que faire le bien, c’est peut-être d’abord et tout simplement penser !

Par de là cette recherche des fondements de ce nouveau cours, l’auteur offre une vision bien personnelle de l’enseignement. Elle propose une lecture particulièrement « engagée » du Programme de ce nouveau cours. Bien avant sa parution, en effet, elle avait déjà pointé et articulé tout un ensemble de thèmes et problématiques pertinents pour les jeunes, aujourd’hui. Ainsi, les propositions décrites dans le manuel et illustrées par des travaux de ses élèves, sont le fruit d’intuitions et choix d’un travail longuement mûris, que le nouveau programme ne fait que confirmer. L’auteur appelle de ses vœux une école moins obnubilée par les performances et l’uniformisation des apprentissages, et faisant le pari, au contraire, de la démocratie, de l’intelligence, de l’égalité et de la solidarité. Et enfin, elle propose une méthodologie basée sur des ateliers créatifs et dans lesquels elle explore les liens entre la philosophie et l’art. »

Catherine Buhbinder