Points de vues

LE CONCOURS « LA COLLECTION RTBF » EN QUESTIONS par Cathy Legros

 

UNE ANALYSE CRITIQUE DU CONCOURS ET DE L’EXPOSITION LA COLLECTION RTBF/CANVAS COLLECTIE SOUS FORME D’UN ARTICLE SYNTHÉTIQUE ET D’UNE LETTRE OUVERTE PLUS COMPLÈTE, INCLUANT DES TÉMOIGNAGES, ADRESSÉE AUX RESPONSABLES DU CONCOURS

 

INTRODUCTION

 

Nous avons tenu à donner une visibilité aux deux textes qui suivent. Ils touchent directement à des questions morales, philosophiques et de citoyenneté au cœur des préoccupations de la revue Entre-vues. Ils mettent en jeu des valeurs et des attitudes fondamentales qui animent nos convictions et nos engagements.

1. Le pluralisme artistique, une exigence démocratique

 

Le pluralisme artistique est une exigence démocratique. Il devrait être respecté comme un droit fondamental au même titre que le pluralisme des opinions et des convictions. Cette interpellation conclut deux textes rédigés par Cathy Legros. Ils dénoncent la vision réductrice, normative, dogmatique et antihumaniste qui a perverti tant les modalités que les critères de sélection du concours « La collection RTBF/Canvas Collectie » Concours qui a fait événement durant ce premier semestre 2010 : il a impliqué près de 8.000 artistes, amateurs pour la plupart, des deux Communautés linguistiques, il a été répercuté sur ARTE Belgique, il s’est terminé par une exposition ouverte du 6 mai au 6 juin, et une finale en direct sur la Deux le 30 mai.

 

Le premier article, plus synthétique, a été proposé à la presse. Il a été accepté par le Vif Express qui le publiera dans les semaines qui viennent. Le second inclut des témoignages précis il constitue la « Lettre ouverte » qui a été adressée aux responsables du concours. Cette lettre a déjà eu une certaine répercussion : le Secrétaire Général de la Communauté française et la Cellule de coordination incluant des membres de la Communauté française, secteur des arts plastiques, de la RTB et de la VRT (Canvas) se sont engagés à « inclure cette analyse dans le processus d’évaluation ».

 

Pour apprécier la pertinence de cette analyse critique, vous pouvez vous reporter

– au site rtbf.be/la collection qui donne à voir les œuvres présélectionnées et sélectionnées ainsi que les premiers prix attribués

– au Catalogue de l’exposition publié aux Éditions Racine

– aux émissions consacrées au concours par la Deux et ARTE toujours disponibles sur le site rtbf. be/culture

 

Document 1. RTBf  Document 2. Lettre ouverte

 

2. Témoigner et porter une parole dans l’espace public sur le tort subi pour le transformer en révolte partagée, gage de changement

 

Cathy Legros, professeur puis inspectrice de morale, co-fondatrice d’Entre-vues, est actuellement sculpteur. Inscrite au concours et convoquée au Wiels le 9 février, elles présentent trois sculptures à l’un des 19 jurys constitués de trois membres chacun.

 

« Je suis d’abord sidérée par la raillerie avec laquelle ils m’interrompent constamment pendant les 10 minutes auxquelles j’ai droit pour expliquer mes œuvres et répondre à leurs questions. Ensuite il me semble commettre un crime de lèse-majesté lorsque je leur demande pour quelles raisons je suis refusée. –« Nous n’avons pas à nous justifier, nous sommes « les experts »,et c’est de toute façon arbitraire, c’est un jeu » , m’ont-ils répondu.

 

Je me suis vite rendu compte que je n’étais pas la seule à vivre cette agressivité. De nombreux candidats incrédules se sentent comme moi humiliés,démunis,sans recours,comme emportés dans une même folie kafkaïenne orchestrée par des jurys le plus souvent despotiques ou psychologiquement destructeurs. C’était inacceptable tant par rapport au respect dû aux personnes que par rapport à l’éthique d’un concours qui se veut équitable.

 

J’avais travaillé tant d’années en formation sur l’importance de « Dire le juste et l’injuste » dans une démocratie. Je ne pouvais moralement pas faire autrement. Le jour même je  décide de rassembler des témoignages au Wiels . Je voulais aussi tenter de débusquer les enjeux dissimulés derrière ces jeux de pouvoirs et ces jugements catégoriques qui ne s’appuient sur aucun argument artistique rationnel. Étais-ce totalement arbitraire ? Y avait-il une logique qui présidait au choix des jurys. Je me suis alors livrée à un reportage certes modeste mais scrupuleux dans les coulisses du concours.

 

Ce reportage repose sur les investigations suivantes :

– questionner un certain nombre de refusés non seulement au Wiels mais dans d’autres lieux de sélection et voir les œuvres qu’ils ont apportées

– se rendre dans les locaux où les œuvres présélectionnées sont visibles, avant d’être emballées

– relire le règlement, le bulletin d’inscription et de convocation

– visionner toutes les émissions consacrées au concours sur ARTE et la Deux jusqu’à la finale sur la Deux le 30 mai

– consulter le site de la RTB pour visionner les œuvres présélectionnées et sélectionnées visiter deux fois l’exposition au Palais des Beaux-Arts et consulter le Catalogue.

– Lire des ouvrages critiques sur l’art contemporain (voir livres mentionnés). »

 

3. Comment inscrire cette analyse critique dans une perspective positive ?

 

Nous aimerions prolonger cette analyse critique et constituer un dossier rassemblant les réflexions de philosophes, sociologues de l’art, artistes, écrivains, citoyens, …

Dossier qui pourrait être publie sur le site d’Entre-vues et servir d’outil de référence ou de pression pour le prochain concours.

 

Objectifs :

– définir ce qui peut être considéré comme de l’art contemporain (mais est-ce possible)

– dégager des propositions concrètes permettant de mettre sur pied un concours plus ouvert qui tient compte de toutes les tendances de l’art contemporain (quels jurys, quels critères, quelle organisation, …)

 

Toutes vos propositions et interventions sont les bienvenues.

 

 

La rédaction d’Entre-vues

E-mail : elsasimon@laicite.net

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